Suite aux signalements d'algues rouges sous la glace cet hiver, il avait été convenu que le ministère du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs ferait un suivi après la fonte des glaces. Donc, un représentant du MDDEP a visité notre lac le 22 mai dernier, et n'a rien remarqué d'anormal. Des prélèvements d'eau ont été faits, et les résultats semblent satisfaisants. Vous trouverez ci-joint copie du rapport d'analyses du ministère.
De plus, dans le cadre de ce dossier préoccupant, les municipalités de Bouchette et Ste-Thérèse et l'Association du Grand Lac Rond signeront sous peu un contrat avec l'ABV des 7 pour la réalisation d'une étude de caractérisation de notre lac. La participation financière de l'Association à ce projet sera de 1 200 $, ainsi que pour les 2 municipalités. L'ABV des 7 devrait débuter ladite étude en juin, et le rapport final devrait être déposé en juillet. Nous espérons que cette démarche nous permettra d'identifier les causes de l'apparition de ces algues rouges, ainsi que les mesures à prendre pour les enrayer. Naturellement, nous vous tiendrons au courant des développements dans ce dossier.
Le péril bleu-vert dans nos lacs
Jean-Marie Bergeron
Le Droit
Collaboration spéciale
Le passé est-il garant de l'avenir dans le dossier des algues bleu-vert ? Il se peut que oui et l'année 2007 a sans doute été un point tournant pour l'Outaouais et l'Est ontarien en ce qui concerne l'implantation définitive des cyanobactéries dans les lacs de cette grande région.
Je trouve d'ailleurs curieux que soudainement, 18 lacs aient été contaminés par cette famille d'algues peu recommandables alors que deux lacs seulement souffraient de cette maladie de temps à autre depuis 1998. Tout d'un coup, six lacs se recouvrent entièrement d'une sorte de soupe aux pois qui empêche les gens de profiter de leur beau plan d'eau et d'une partie de leur rêve de retraite. Est-ce que le phénomène est appelé à se développer davantage, à devenir pire ? J'ai bien peur que oui, pour les raisons suivantes.
Le problème surgit partout dans le vaste monde où les produits azotés et phosphatés entrent dans les lacs. La Bretagne (France), par exemple, a ce type de problème depuis l'expansion concomitante des élevages de porcs avec lisiers et la culture de maïs à grande échelle, comme nous le faisons au Québec. Mais le phénomène est plus compliqué ici et particulièrement dans la région. Certes, les produits azotés et phosphatés utilisés dans notre bassin versant peuvent être en partie responsables de la situation actuelle.
Sites de villégiature
Mais nos lacs infectés sont également des sites de villégiature, ce qui laisse supposer que l'emploi d'engrais pour les pelouses qu'on y trouve, la présence de golfs, le déboisement des rives, le débordement de fosses septiques, les piscicultures, les fermes à forte densité animale et le rejet des usines municipales de traitement d'eaux usées font également partie du problème. Pour l'Outaouais en particulier, s'ajoutent les retombées en pluies acides qui sont élevées en nitrates en provenance de nos chers amis des États-Unis.
On sait depuis longtemps qu'un jour, la capacité neutralisante maximale des sols du Bouclier canadien serait atteinte. Apparemment, nous y sommes déjà ! Puisque les sols sont vraisemblablement saturés en nitrates, les surplus se dirigent directement dans les cours d'eau et vont nourrir les algues.
À l'heure actuelle, si j'avais un chalet ou une maison érigée près d'un plan d'eau, j'aurais peur qu'elle perde une grande partie de sa valeur dans une époque où le problème des cyanobactéries semble s'implanter pour de bon. Je réagirais pour sauver les meubles, comme on dit !
Si les citoyens que nous sommes n'ont aucun moyen pour obliger les Américains à réduire les pluies acides qui nous tombent sur la tête, nous pouvons tout de même faire notre bout de chemin afin d'abaisser l'ampleur de cet impact.
En Estrie, certaines associations de propriétaires riverains ont décidé de reboiser les rives sur une distance de 10 mètres de l'eau. Vaut mieux "perdre" un peu de pelouse qu'une partie de la valeur de sa maison !
À cela, d'autres organismes ajoutent des alternatives biologiques pour remplacer les engrais chimiques. Certains regroupements s'assurent que les fosses septiques de leur territoire soient en bon état.
Il faut absolument compléter ces initiatives en impliquant dans cette lutte les producteurs agricoles et forestiers qui font aussi partie du problème. Puisque tout le monde est un peu coupable, il faut que tout le monde collabore et si chacun fait sa juste part, il se peut que ce péril bleu-vert soit vaincu un jour pour le bénéfice de tous.
La lutte sera cependant longue : on ne peut espérer effacer rapidement les effets pervers de 50 ans de mauvaises pratiques. L'heure est maintenant venue de payer la facture, de passer au cash pour payer sa dette.